Gheorghe Tomozei
Gheorghe Tomozei (1936-1997) représente l’ un des destins littéraires les plus intéressantes de la littérature contemporaine roumaine car, par son œuvre poétique, il a parcouru en effet toutes les âges de la poésie roumaine contemporaine.
En commençant avec des poèmes en rimes et rythme, plutôt nostalgiques et imprégnés de l`inspiration typique pour l’époque d`entre les deux guerres mondiales, il arrive vers les années soixante à chercher un ton propre, particulier, dans un mouvement de changement du langage poétique, initié et mené par son principal représentant , Nichita Stanescu ainsi que par d’autres poètes comme Marin Sorescu ou Cezar Baltag.
Passionné par l`histoire, particulièrement celle de la Valachie, fin connaisseur des sources bibliographiques presque inconnues, des manuscrites ou de histoires racontées dans la tradition orale, il devient ce qu’on appelle un écrivain des lieux, en publiant des livres sur la légende de Prince Valaque Negru Voda, sur les trésors historiques de Targoviste, ou était placée l`une des anciennes capitales de la Valachie ou sur l’énigmatique Stavrinos.(Cronique de Stavrinos, illustration de Teodor Salar , Éditions Eminescu 1975 ,une narration sur la vie du Voïvode Michel le Brave écrite par un chroniqueur grec en 1601 une traduction de Gheorghe Tomozei avec une préface exhaustive de l’auteur sur ce vestige littéraire et historique )
Des livres comme « Les manuscrits de la Mer Morte » ou « La plantation de papillons »réunissent ses essais sur de sujets littéraires, historiques ou sociaux.
Voyages en dirigeable réunit ses carnet de voyages.
Il a eu le culte de la mémoire littéraire en conservant des archives littéraires et en restituant la mémoire des poètes disparus, des amis, des proches qu`il a côtoyé pas mal du temps : c’est le cas du Nicolae Labis, poète mort prématurément a 21 années en 1956 , dans un stupide accident routière, écrivain très promettant et considéré un possible génie émergent dans la poésie des années 50 .Gheorghe Tomozei a publié des biographies, des restitutions des poèmes inédites, des albums mémoriels sur la vie et son œuvre .le livre « La mort d’un poète » est l’un de premiers livres d’ investigation de la littérature roumaine contemporaine.
Un autre travail du devoir de mémoire a été celui pour Nichita Stanescu, un autre ami du Tomozei, poète laurée du Festival de Struga en Yougoslavie, et qui a influencé toute une génération littéraire en Roumanie ,par sa façon d`écrire, en rompant la tradition classique, en donnant aux mots des valences inattendus, surprenantes. L’ interview que j’ai réalisé avec Gheorghe Tomozei a été publie en 1983 dans le supplément de culture SLAST dans la rubrique La biographie d`une œuvre de référence dans la vision des auteurs et concernait ce livre qui a eu beaucoup du succès a l`époque sur la mort d`un poète très aime et apprécié, Nicolae Labis .
« La mort d’un poète » de Gheorghe Tomozei*
Éditions Cartea romaneasca 1972 (un livre document sur la mort du poète roumain Nicolae Labis)
Sous le titre « La biographie d’une œuvre de référence » le souplement de culture « Slast » publiait à l’époque, des interviewes avec des auteurs qui ont marqué la culture roumaine :
Le livre « La mort d’un poète »de Gheorghe Tomozei a été l,une première dans le paysage littéraire roumain : il s’agissait pour la première fois d’un livre- enquête , reconstitution des derniers jours du poète roumain Nicolae Labis, mort 21 années dans un accident qui était pas élucidé.
Le livre était à la fois surprenant et osé, parce qu’il reconstituait par des interviewes, documents, lettres et autres pages écrites un événement qui a beaucoup impressionné.
Nicolae Labis était le poète vedette de l’époque, à la foi aimé, adulé et contesté. Ses poèmes enthousiastes le plaçaient parmi les grands espoirs de la littérature roumaine, son comportement .Rebel et iconoclaste et ses poèmes comme « La lutte contre l’inertie » le plaçait sous haute surveillance des services secrètes post stalinien.
Grand ami et collègue d’études de Nicolae Labis, Gh.Tomozei a matérialisé son amitié dans un devoir de mémoires. Un livre document. Sur la création de ce livre, sur ses amitiés, le climat de l’époque, les secrets de l’école de littérature « Mihai Eminescu » , après sur son amitié avec le poète Nichita Stanescu j’ai interviewé Gh.Tomozei en 1984.
Voilà un très court fragment de cet interview dans lequel le poète se souviens d’un autre grand ami de lui, le poète roumain Nichita Stanescu .
Cleopatra Lorintiu : Je vais risquer une question incommode pour vous ; Comment avez-vous ressenti, en tant que poète, le voisinage de deux poètes emblématique, très importants de la littérature roumaine ? Pour tous les deux vous avez été un grand ami. Est-ce que ce sort d’altruisme est possible dans la vie littéraire d’aujourd’hui ?
Gheorghe Tomozei : Écoutez, moi je n’étais pas comme Nichita, un « homme –spectacle ». Pas du tout. J’étais toujours un difficile, un impossible, comme le disait lui même. Mais,c4est vrai que j’ai le culte de l’amitié et des relations amicales dans la littérature. En même temps je ne juge pas les gens par le biais des deux lignes écrites dans tel ou tel magazine, disons qu’il s’agit des lignes que je n’aime pas du tout… Par contre j’ai l’impression qu’ aujourd’hui il y a un vrai culte des relations tendues, des relations qui ne sont pas amicales. J’ai l’impression que les gens sont aujourd’hui dans un sort de concours : qui dit le premier du mal de l’autre, qui ose « piquer » plus vite ?
Jusqu’à un certain point, ç’ est lié au plaisir du pamphlet, mais souvent on glisse dans la vulgarité est c’est dommage.
Cleopatra Lorintiu : Grâce aux témoignages des écrivains, grâce au poèmes de Nicolae Labis, l’époque littéraire dans la quelle il a vécu est évoquée dans votre livre. C’est, pourtant, très difficile de comprendre les mécanismes, les contraintes, la pression de la propagande.
Gh .Tomozei : Je n’aime pas parler de ce livre en dépit de son succès de publique. Je viens de publier un autre livre qui pourrait éclairer les choses : « Sur les traces du poète Nicolae Labis » qui réunit des documents du livre « La mort d’un poète » ainsi que des nouveaux documentes. L’homme Nicolae Labis a laissé beaucoup des traces comme, plus tard, Nichita Stanescu a fait pareil. Il l’a fait ‘une manière consciente.
Dans chaque maison ou il était invité il écrivait un poème autographe, parfois c’étaient des vraies bijoux littéraires.
Cleopatra Lorintiu : Peut être ça faisait parti d’une stratégie, pour composer une image plus élaborée…
Gheorghe Tomozei : Sa spontanéité était sans paire…(…Il y étaient des gens effrayés par sa disponibilité ! Sa formule poétique était d’une manière paradoxale,plutôt « balades », genre dans lequel il pouvait pas s’exprimer. Dans sa façon d’existence coexistaient une manière médiévale et une autre, d’une grande modernité littéraire.
C’est ce qui justifie mon regard d’aujourd’hui et l’idée que Nichita Stanescu a été notre dernière grand poète qui nous lie à Dosoftei, à Artur Conachi et Anton Pann.
Lui, il est proche de l’hombre de Eminescu , de la tristesse de Alexandru Macedonski, il est proche de la solitude de Bacovia , du désir de mystère de Ion Barbu . Mais comme style de vie, comme trace céleste, de comète littéraire il nous reste comme dernier poète ménestrel …Il y aura sans doute d’autres grands poète ; mais lui, Nichita Stanescu il était Le POÈTE. (…)
Gheorghe Tomozei poète,écrivain,journaliste et rédacteur roumain (né a Bucarest en 1936, mort a Bucarest en 1997)
Il a publié plus d’une centaine de livres de poésie , essais, mémoires, restitutions, carnet de voyage et littérature pour les enfants.
Très populaire grâce a son roman « Miradoniz »qui est une biographie romancée de la vie du poète national Mihai Eminescu .
Les pages de restitution littéraire des livres : « Les pas du poète(Nicolae Labis) », « L’ Album mémorial Nichita Stanescu » ou « La mort d’un poète » ainsi que « 9 pour l’éternité »l’ont consacré comme le créateur d’un nouveau style littéraire de restitution qui a fait école en Roumanie.
Parmi les livres de poésie les plus connus :
« L’oiseau bleu »,« Altair », « Tanit », « Trop tôt, trop tard » , « Ninive », « Le catalogue des navires » , «46 Poèmes d’amour » « Un poète de Tibet », « La gloire de l’herbe », « à la lumière de la neige », »Le mystère de la clepsydre « ainsi que plusieurs livres pour les enfants.; »La chronique de Stavrinos » ainsi que les livres de prose : « Voyage en dirigeable » ; « Les manuscrites de la Mer morte », « Plantation des papillons », »Targoviste », »Negru Voda » ou la biographie romancée de Mihai Eminescu « Miradoniz » .
Fragmentarium. Un premier livre posthume du poète Gheorghe Tomozei, publié par Cleopatra Lorintiu en 2011
En 2011 vient d’apparaître une restitution des articles et essais ainsi que quelques Psaumes traduits par Gh.Tomozei dans un livre de restitution publie avec l’aide de la Bibliothèque de Domnesti,departement Arges , et des écrivains locaux Ion C.Hiru et George Baciu ,livre conçu par Cleopatra Lorintiu qui signe également la préface, des articles et des explications de photos.
Fragmentarium Gh. Tomozei a été accueilli chaleureusement par les confrères et les critiques, un lancement du livre a eu lieu a Pitesti en mars 21011dans la Bibliothèque Dinicu Golescu .