Des échos, des réverbérations et que des magnifiques souvenirs de notre belle rencontre, a la fin du mois de Mars, dans la salle Monnerville ,au Sénat de la République Française. Encore merci a Zeina Tibi , qui est l’âme de ce beau colloque et d’AFACOM et a ce grand Monsieur, dr. Abdulaziz Othman Altwaijiri, le directeur général de ISESCO que j’attends d’ailleurs en Roumanie prochainement, pour une conférence . Espérons que nous, toutes les participantes resterons unies pour pouvoir faire bouger les choses, ensemble.

Intervention de Mme Cleopatra Lorintiu, au Colloque

Le dialogue euro-mediterraneen au feminin, le role de la femme comme mediatrice interculturelle du dialogue euro-mediterraneen,

le 29 mars 2016 au Senat de la Republique  francaise, salle Monnerville.http://www.etudes-geopolitiques.com/sites/default/files/pictures/ProgrammeColloque_AFACOM_ISESCO_7_oct.pdf

Mesdames les Sénateur, Madame la député,
Mesdames et messieurs
Je voudrais commencer avec un bref souvenir de l’ancienne Roumanie,

mon pays d’origine.
Pendant la dictature, paradoxalement, la chose qui me contrariait le plus était l’hypocrisie du régime politique.
Une sorte de « faux semblant » dans lequel le droit des femmes étaitintangible et se devait d’ être heureuses car il y avait une parité et nous étions représentées a tous les niveaux.C’était l’un des instruments du pouvoir pour faire semblant et nousdonner une illusion de la vie démocratique.
Qui nous représentait ? Des femmes ridicules, sans études, ou souvent des opportunistes.
Donc, déjà a l’époque, on se sentait mieux représentées par des femmesde culture : des écrivains, des universitaires, des médecins et des scientifiques, des journalistes, des artistes de différents domaines qui avaient le doit  de s’exprimer en dépit des limites du régime.C’est ce souvenir que le titre de cette rencontre m’a évoqué car, partout dans l’Europe, de l’Est et de l’Ouest , ce mare nostrum primordial comme
on l’appelle avec cette consacrée expression latine, évoquant le bassin méditerranéen duquel la civilisation européenne a surgi, les femmes qui ont gagné leur place par leur effort, par leur talent et leur ténacité sont celles qui doivent représenter le genre féminin.Longtemps j’ai fortement cru dans les valeurs de la littérature, de la
musique , du théâtre , de la danse, incarnées par les destins des femmes qui
peuvent changer le monde, le transformer,le rendre meilleur. Et si mon peuple, qui se trouve au carrefour des mondes et des civilisations, entre l’Est et l’Ouest, entre les habitudes et les moeurs de l’Orient et l’Occident, a trouvé parfois du respect, même ici a Paris, c’était par la voix et le visage des certaines femmes d’esprit comme Hellène Vacaresco , une femme de lettre franco roumaine, deux fois lauréate de l’Académie Française, qui nous a représentée brillamment presque vingt ans, auprès de la Société des Nations a partir de 1919. Ou la présence et la carrière de Elvire Popesco, grande actrice consacrée en effet par le publique français. Ou la princesse Marthe Bibesco, femme de lettre qui a écrit l’essentiel de
son oeuvre littéraire en français. Elle fut élue en 1955 membre étranger de l’Académie Royale de la Belgique. Femme d’esprit avec une grande influence dans son temps et même médiatrice dans l’Affaire de l’Alsace-Lorraine , entre la république française et l’Empire allemand.
Ou la princesse Jeanne Bibesco, une noble franco -romaine qui a fondé le Carmel d’Alger.
C’était ça la multiculturalité des Roumaines au XX siècle. La culture, le savoir faire dans les relations diplomatiques et internationales .
Une vocation pour faire la paix, pour la tolérance et la compréhension.
Je reviens au présent.En suivant l’exemple de leurs prédécesseurs, les femmes d’aujourd’hui essaient de faire bouger les choses.
En tant qu’écrivaine, j’ai dédié beaucoup de mon temps au journalisme, a la télévision, aux chroniques et je me suis impliquée dans des multiplesONG.Même dans la période quand j’ai servi en tant que diplomate pour mon pays ici, a Paris, j’ai continué ça , persuadée que le dialogue et la compréhension entre les gens puisse devenir plus profonde et plus nuancée
par la pensée des femmes, donc de la mienne aussi.
Nous sommes 30 après la mort de Simone de Beauvoir qui disait « On ne nait pas femme, on le devient ». Apres Beauvoir, la deuxième vague ,puis la troisième vague féministe ont été marqué par son héritage, qu’il s’agisse d’adhésion ou contestation. Si les femmes de 2016 ne sont pas celle de 1949 , toutes sont loin d’être « la femme indépendante » que Beauvoir aspirait qu’elles deviennent.
Des événements récentes m’ont profondément blessée dans le plus profond de mon coeur.
Car a la place des échanges culturelles et de salles de spectacles, ou des expositions ou des livres parus, j’ai vu dans ce spectacle télévisé perpétuel des femmes défavorisées, désespérées, défendant leurs enfants avec leur propre corps, blessées , sur les routes de cette immigration vers une Europe paradoxale.
La personne qui était , disons , peut être la plus importante dans le déroulement de cette crise était une femme- le chancelier allemand Angela Merkel.Le commissaire pour les affaires étrangères de l’Union Européenne est une femme , madame Mogherini.Aussi une femme lutte pour devenir le chef du Monde américain :Et pendant ce temps la, d’autres femmes, de millions peut être, sont les victimes les plus exposées des ces guerres et de cet exode.
Il y a un grand décalage entre ce que se passe au plus haut niveau dans le monde politique et ce que se passe au niveau de la vie quotidienne.Dans la vague des changements incertains, dans l’Afrique du Nord et auMoyen Orient , les femmes se sont battu avec leurs armes : l’intelligence,l’intuition, la foi, le désir d’émancipation mais toujours leurs armes sont
plus faibles que celles des hommes.
Certainement , beaucoup des propos du « Deuxième Sexe »le livre célèbre, appartient a l’histoire.Mais dire qu’être femme relève d’une construction historique et sociale -celle d’une oppression , d’un enfermement, d’une drastique limitation des possibles ne pouvant être
dépassées que par l’égalité économique, sociale politique et sexuelle n’a eu rien perdu de son actualité.
A ceux qui se demandent aujourd’hui que va-t-il se passer avec cette immigration qui est toujours a la une, je veux leur dire : qu’aurait pu être les Etats Unis sans l’arrivée des irlandais, des italiens;des mexicains et portoricains ou des juifs ?
Comment on pourrait imaginer la France sans la contribution des populations africaines et orientales ?
Ou comment on pourrait imaginer une Roumanie sans l’arrivée des hongrois, des slaves ou même des tsiganes appelles aujourd’hui des Roms ?
Pour clore mon intervention auprès de ce colloque , le féminisme se doit de ne pas être seulement une question d’image ou de pouvoir.
Pour qu’il puisse conserver son intégrité il doit s’adapter naturellement a toutes les couches sociales de toutes les sociétés.
C’est dans ce monde de la multiculturalité que les femmes ont le devoir
d’incarner les nuances.”